Réflexion et prière du matin, Frère Claude Reinhardt.


Je vous propose ce qui va ressembler d’abord à une “réflexion du matin”, selon la bonne et antique tradition lasallienne d’évoquer un thème et d’y réflechir pendant quelques minutes avant le début des cours. Cette réflexion nous conduira à une prière finale.

En pensant ces dernières années aux vies morcellées et fragmentées des enfants et des jeunes (distances, multiplicité des adultes interlocuteurs, découpage des enseignements, immédiateté de la communication tous azimuts par les smartphones et autres), j’ai plusieurs fois cité l’article 3 des Règles communes des Frères des Ecoles Chrétiennes., qui, de façon toute simple mais directe, répond à la question de base que l’on peut se poser :
- Mais pourquoi cet Institut existe-t-il ?
- On dirait aujourd’hui : pourquoi ce réseau existe-t-il ?
- Et pourquoi continuons-nous à y dépenser nos énergies ?
Je vous cite cet article 3 :

La fin de cet Institut est de donner une éducation chrétienne aux enfants, et c’est pour ce sujet qu’on y tient les écoles afin que les enfants y étant sous la conduite des maîtres depuis le matin jusqu’au soir, ces maîtres leur puissent apprendre à bien vivre en les instruisant des mystères de notre sainte religion en leur inspirant les maximes chrétiennes et ainsi leur donner l’éducation qui leur convient.
J.-B. de La Salle, R.C. 1,3


Trois expressions dans cette citation me frappent et retiennent mon attention :
- on y tient des écoles
- sous la conduite des maîtres depuis le matin jusqu’au soir
- apprendre à bien vivre
Si on laisse de côté le français un peu ancien et qu’on est conscient que nos élèves d’aujourd’hui viennent de réalités sociales et religieuses bien différentes, on trouve, et c’est mon cas, cette définition juste et pertinente.
  • on y tient des écoles. L’école, oui, ce n’est pas n’importe quel moyen, c’est un lieu de passage obligé et de passage long, un lieu d’étude, de socialisation, de rencontre de plusieurs générations. Elle demeure un lieu d’exigence quand la société n’en propose plus beaucoup.
  • Sous la conduite des maîtres depuis le matin jusqu’au soir. Pensons à tous les adutes qu’un enfant et un jeune rencontre en une journée. On est loin de l’accompagnement à longueur de journée, ou de la “conduite” par une personne ou peu de personnes. On ne peut y revenir, cela doit cependant nous interroger sur la qualité de notre présence aux enfants et aux jeunes, et la qualité se mesure aussi à une certaine durée, à une certaine constance.
  • Apprendre à bien vivre. Pour ce faire, il faut aussi du temps et quelques personnes essentielles dans la vie de l’enfant, des personnes de référence, d’accord entre elles. JB de La Salle indique qu’apprendre à bien vivre se fait en apprenant les mystères de la religion catholique. Nos écoles aujourd’hui, selon les pays ou les circonstances, accueillent beaucoup de jeunes d’autres religions ou sans religion. On peut cepedant leur apprendre à bien vivre. Et les anciens élèves de tous les pays en sont témoins. Dans ses méditations, Jean-Baptiste de La Salle, au lieu de parler des maximes de l’évangile ou d’un catéchisme qu’on apprendrait par Coeur parle plutôt de l’esprit du christianisme. Cette expression beaucoup plus ouverte nous offre un espace de liberté où les valeurs transmises, les postures, le comportement des uns et des autres peuvent s’inspirer de l’évangile sans le nommer en premier lieu. Vivre et inviter à vivre dans l’esprit du christianisme peut toucher les coeurs et les transformer, peut faire de nous les frères de nos frères plus jeunes, peut les inviter à grandir puis à bien vivre. Et cet esprit peut se vivre chez les éducateurs de métier, chez les parents, les grands-parents, les parains et marraines, etc.
  • Prions pour des jeunes loins de nous, mais qui sont accueillis chaque jour dans l’esprit du christianisme.

    Le service de solidarité de l’Institut nous propose une prière par semaine pour un centre lasallien récemment ouvert.

    Prions ce matin pour les jeunes du Centre Gebre Michael d’Addis Abeba en Ethiopie : centre d’accueil l’après-midi de jeunes des quartiers pauvres de la ville. Que sous la conduite de nos frères et soeurs éducateurs lasalliens, ils apprennent à bien vivre!

    Dieu de l’espérance, jour après jour, tu marches avec nous, peuple uni dans la diversité, femmes et hommes qui construisent un monde plus humain pour tous!

    Ecoute le cri de nos coeurs et comble notre désir d’être bâtisseurs d’un monde meilleur. Aide-nous à construire des ponts pour les jeunes que toi, Seigneur, nous a confiés.

    Puissent tous ceux qui nous rencontrent trouver chez nous l’accueil, le soutien et la solidarité d’une communauté. Continue à nous guider et à ouvrir dans nos coeurs les chemins d’espérance!


    One year in mission together1

    1ONE YEAR IN MISSION TOGETHER, De La Salle Solidarietà Internazionale, ONLUS.